Black, un film de Sanjay Leela Bhansali, avec Rani Mukherji et Amitabh Bachchan.


Image : Affiche du film Black.

L'histoire.

Michelle McNally (Rani Mukherji) naît dans une famille anglo-indienne. A dix-huit mois, une maladie la laisse aveugle, sourde et muette. C'est ainsi que cette petite fille, pourtant intelligente et débrouillarde, grandit prisonnière d'elle-même, murée dans son silence, adoptant un comportement primitif et violent.

Jusqu'au jour où, l'année de ses huit ans, surgit un précepteur un peu particulier : Debraj Sahai (Amitabh Bachchan), qui, lui, se bat contre le démon de l'alcool. Il débarque dans la maison à moitié saoul, en rage de s'être fait renvoyer de l'école où il exerçait. Et il est immédiatement atterré de découvrir la conduite de sa nouvelle élève qui, à table, attrape la nourriture à même les assiettes et se gave comme un animal. Tout ça sous le regard consentant de ses parents.

Debraj Sahai refuse de se laisser dominer par les accès de colère de Michelle. Il décide de l'éduquer. Ses méthodes rudes choquent les parents de la petite fille et menacent de le faire renvoyer. Mais cet homme a un rêve : donner à Michelle l'opportunité, malgré son handicap, de mener une vie normale, en société...

Image : scène du film Black.

Fiche technique :

Réalisation : Sanjay Leela Bhansali
Scénario : Sanjay Leela Bhansali, Prakash Kapadia & Bhavani Iyer
Image : Ravi K. Chandran
Musique : Monty
Paroles : Prasoon Joshi
Inde - 2h02


Fiche artistique :


Debraj Sahai : Amitabh Bachchan
Michelle McNally : Rani Mukherji
Catherine McNally : Shernaz Patel
Paul McNally : Dhritiman Chaterjee
Sara McNally : Nandana Sen
Michelle McNally enfant : Ayesha Kapoor

Image : scène du film Black.

Les miracles de Black, notes de tournage...

Black est inspiré de l'histoire d'Helen Keller, cette jeune fille aveugle, sourde et muette qui, en 1902, a publié son autobiographie, narrant la manière dont une enseignante exceptionnelle de courage et de ténacité lui a appris à communiquer avec l'extérieur. Son récit est ensuite devenu une pièce de théâtre puis, en 1962, un célèbre film d'Arthur Penn : Miracle en Alabama.

"Après Hum Dil De Chuke Sanam et Devdas, explique le réalisateur Sanjay Leela Bhansali, j'ai voulu m'éloigner des structures classiques. J'avais tourné deux superproductions musicales et j'avais atteint une certaine saturation. Je savais que je devais faire quelque chose de différent. Si je ne le faisais pas, je stagnais dans mon évolution en tant que cinéaste. C'est alors que j'ai lu quelque chose sur Helen Keller et que j'ai été fasciné. J'ai visité le Helen Keller Institute pour les Aveugles, Sourds et Muets, et j'ai été stupéfait par l'esprit et la dignité de ceux qui y étudiaient."

"J'ai tout de suite compris qu'il fallait que je fasse un film allant bien au-delà du langage des signes tel que je l'avais traité dans Khamoshi - The Musical" conclut-il, évoquant son premier long métrage, en 1996, dans lequel une jeune fille, née de parents sourds-muets, se mure dans le silence, malgré une très belle voix.

Image : scène du film Black. Image : scène du film Black.

"Je joue Michelle McNally, qui vit dans un monde de noir silence" explique Rani Mukherji. Star du cinéma Bollywood, apparue dans La Famille indienne et Veer-Zaara, elle aborde là un autre versant du cinéma indien, sans paillettes ni chansons. "J'ai compris dès le début que j'aurais beaucoup de recherches et de travail à faire pour pouvoir jouer ce rôle. J'ai dû apprendre la langue des signes, ce qui a été très difficile. C'était un challenge que de se glisser dans la peau d'une jeune fille aveugle, sourde et muette, et d'y croire. Essayez donc de vous exprimer lorsque trois de vos sens vous manquent. Or, il y a des gens qui vivent ça quotidiennement."

"Choquée", selon son propre terme, que Sanjay Leela Bhansali, le cinéaste de Devdas, la choisisse, et voie en elle une interprète crédible pour le personnage, elle n'a pas reculé devant l'ampleur du défi, et s'y est investi corps et âme, se mêlant à de vrais malades et observant leur comportement.

"Le tournage a été précédé d'une période d'entraînement intense" précise son partenaire Amitabh Bachchan. "On a suivi des ateliers passionnants pour apprendre la langue des signes et la manière dont les gens atteints de tels handicaps menaient leur vie au quotidien. Et à part ça, Sanjay était lui-même tellement préparé qu'on ne s'est jamais à aucun moment senti mal informés." Lui aussi a été très touché par sa rencontre avec ces personnes auxquelles manquent un, deux ou trois sens. "On peut avoir pitié d'eux mais en réalité ils ont une telle soif de vivre que pour eux, tout est possible." Résultat : légende vivante du cinéma indien, idole de plus de cent cinquante films, de Sholay à Lagaan et La Famille indienne, Amitabh Bachchan considère Black comme "son expérience la plus enrichissante. Ce film m'a entraîné dans des territoires encore inexplorés et déclenché en moi des émotions et des sentiments dont je ne connaissais même pas l'existence."

Image : scène du film Black.

Mais Black aborde également un autre thème : la maladie d'Alzheimer. Un renversement des rôles fait qu'au fur et à mesure que Michelle, l'élève, devient de plus en plus autonome et part à la conquête de diplômes, Debraj, son maître, se met au contraire à perdre ses capacités et à voir fondre sa mémoire. "C'est désormais au tour de Michelle d'essayer de communiquer avec le professeur" résume Rani Mukherji.

Amitabh Bachchan raconte : "Je joue un professeur vieux et grincheux dont la personnalité a des hauts et des bas spectaculaires. Excellent dans son métier mais un peu excentrique de nature. Une partie de son déséquilibre tient à sa frustration d'avoir échoué avec certains élèves. Il est sur le point d'abandonner quand un de ses collègues lui trouve un emploi dans une maison. Là, il fait la connaissance du personnage de Rani et la fait sortir de son handicap. Mais dès qu'il progresse dans cette tâche, il développe sa maladie d'Alzheimer et perd la mémoire. Les rôles se renversent, Rani devient le professeur. "

"C'est un récit d'espoir et d'optimisme" conclut cette dernière.

Image : scène du film Black.

Au-delà du contenu profondément humaniste, émouvant et poignant, Black est remarquable par son identité esthétique très marquée. La création de cet univers singulier a pourtant été... épique !

Devdas avait frappé les esprits par ses flamboyantes images de feu. Ce nouvel opus laisse un souvenir aussi net et précis : la neige. Parce qu'elle constituait un élément central du récit, il a été décidé que le tournage démarrerait à Simla, adorable station de montagne, ancienne capitale d'été des Indes britanniques, en plein milieu du mois de janvier 2004. Sauf que l'équipe au grand complet n'y a été accueillie que par le froid... mais sans le moindre flocon. Afin de ne pas faire attendre tout ce petit monde, des kilos de sacs de sel ont été achetés au marché local, tandis que des machines à neige envoyées de Bombay ont été utilisées pour parfaire le paysage. Le tournage démarrait dès les quatre heures du matin, et quand ils se réveillaient, les locaux étaient ahuris de voir autant de neige ! Celle-ci avait l'air si vraie que les habitants venaient pour la toucher. Ironie du sort : le lendemain du départ de l'équipe, la neige s'est mise à tomber sur Simla...

Mais tourner dans des décors naturels a posé de grosses difficultés. Un matin, 12.000 fans se sont déplacés pour admirer Rani Mukherji de près, rendant le tournage impossible. C'est pourquoi toute l'équipe s'est rabattue sur les studios à la mi-février. Le film se déroulant dans les années 40, le cottage de la famille McNally a été recréé avec minutie. Aucun détail n'y manquait, des napperons de dentelle aux chandeliers antiques; des matériaux d'époque et des meubles anciens avaient été faits venir spécialement sur le plateau. Mais un drame est survenu après dix jours de tournage : un incendie, qui a ravagé tous les décors et duquel rien n'a pu être sauvé. Tous les efforts de reconstitution sont partis en fumée. "J'étais dévasté" témoigne le réalisateur Sanjay Leela Bhansali. "Quelque chose s'est brisé en moi. J'ai failli tout laisser tomber à ce moment-là. J'étais déjà terriblement fatigué après Devdas. J'avais démarré Black sans prendre de vacances. L'incendie a été la goutte d'eau !"

Heureusement, toute l'équipe s'est unie pour soutenir le cinéaste et reconstruire en une dizaine de jours trois décors dans lesquels aucune image n'avait encore été tournée. Le challenge s'est révélé plus intense concernant le cottage, dans lequel de nombreuses scènes avaient déjà été filmées. Se basant sur les rushes, les décorateurs ont pu, brique par brique, détail par détail, faire renaître le cottage de ses cendres. L'opération leur a tout de même demandé deux mois. En juin, acteurs et techniciens ont retrouvé la petite ville de Simla pour deux semaines et demie de tournage. Filmer au Woodville Palace et à l'Indian Institute of Advanced Studies fut aisé : il s'agit de lieux privés, la sécurité et le contrôle ont pu être assurés. Mais tourner dans le Mall, là où la foule s'était réunie la première fois autour de Rani Mukherji, a été jugé trop risqué : aussi l'équipe a-t-elle reconstitué ce centre commercial chic et rétro dans les studios de Bombay. Là, des pluies diluviennes ont encore perturbé la mise en boîte. Mais miracle : le dernier tour de manivelle a enfin pu être donné le 18 août 2004.

Image : scène du film Black.
Black, l'autre Bollywood.
Sanjay Leela Bhansali.
Amitabh Bachchan.
Rani Mukherji.
Diffusion en France.
Site officiel (en anglais).
Black, vu par Brigitte Lemaine.